Question de choix




Je me souviens il fallait décider.

Décider de rester ou partir.

Je me souviens que le choix était bien là devant mes yeux. Ca commence par des petites disputes et des petites trahisons, ça commence par cette conversation qu'on a avec ses proches, quand on commence un peu à le "tailler". Soit les proches ne répondent pas et c'est encore pire, soit ils le taillent et là ça fait un peu mal mais on se dit qu'ils sont sympas de ne pas avoir dit tout ça avant qu'on se mette à table pour le grand déballage et finalement on se rend à l'évidence. P**** mais c'était évident pourquoi j'étais aveugle comme ça !! Ensuite la situation est intenable, il fait agir mais on reste en proie, incapable d'avaler la couleuvre, incapable de se mouvoir hors de ces murs, incapable de dire que c'est assez.

Je ne voulais pas être aigrie, je ne voulais pas me résigner. Je savais que la vie était ailleurs, qu'il fallait partir. Je restais pourtant attendant que la vie m'emporte ou que quelqu'un vienne me tirer de là. je ne voulais pas partir pour un autre, je voulais qu'il sache que si je partais c'était bien à cause de lui.

Au début, on voudrait qu'on nous dise que c'est pas grave mais ça l'était pour le coup et puis fallait se rendre à l'évidence, j'avais rien à faire avec lui. Mais moi je n'aime pas les échecs et puis toute la pression familiale et sociale... Et puis un jour, t'en à plus rien à faire de tout ça, un jour t'as un déclic. Celui qui t'ordonne de partir.

C'était un égoïste, à tel point que quand sa mère lui avait fait souhait de lui donner un frère ou une soeur, ça avait été tellement violent envers elle, qu'elle y avait renoncé tant il était colère.

Les mêmes colères qu'il me faisait lorsque je lui disais quelque chose qu'il ne voulait pas entendre. Il aimait pas trop ma soeur et pas du tout mon frère mais sans le dire, c'était subtil : "Ah non ! Je voulais qu'on soit rien que tous les deux ce soir...". Au début c'est flatteur, la première fois, on se dit qu'il est trop mignon et puis on comprend très vite qu'en fait lorsque sa mère l'appelait finalement, ça le dérangeait pas tant que ça qu'on ne soit pas que tous les deux mais avec ses parents ... tout le week-end !!

Ma gentillesse m'a toujours perdue. J'ai souvent été confronté à ce choix de choisir parce que je suis la courageuse. J'encaisse (oh oui ça je sais très bien le faire, sagement, parfois violemment aussi j'ai mes faiblesses) mais j'encaisse patiemment (tiens un mot qui ne me définit pourtant pas).

J'ai attendu 4 ans au moins. Enfin, je les avais déjà attendu les 4 ans avant d'être confronté à ce choix.

On n'était pas compatible et un jour où ça avait encore pété, dans les temps ou je disais que j'allais partir tous les jours, il m'a dit : "ouais ben vas-y casse toi !!!". On n'oublie pas ces mots. "Vas y, casse toi !"

Je suis partie. J'ai pris mon chien et je suis partie en pleine rue, on était en après-midi donc je ne craignais rien et puis je me suis assise ici sur ce banc sur le Cours Fauriel (stéphanois, vous me lisez je sais). Il y avait un vent de fou. Il parait que ça excite les fous, cela fonctionne sur moi.

Je me suis dis. Bon maintenant tu décides de rester ou partir.

Rester ou partir.

Soit tu te bats contre un truc impossible (ton couple) soit tu te décides à aller de l'avant.

La question qui est venue juste après concernait l'amour.

"Est-ce que tu l'aimes ?" - "Non je ne l'aime plus".

Une fois que j'ai répondu à cette question, ça n'a plus jamais été une question ni un doute.

Je suis revenue, il m'a sourit. "Rigole bien mon gars, on va voir si tu rigoleras toujours dans 1 semaine". J'ai pensé ça, j'ai fais profil bas toute la soirée, c'était la dernière.

J'ai attendu qu'il parte le lendemain à je ne sais déjà plus quelle obligation professionnelle à Berlin. J'ai vidé son appartement, j'ai tout vidé, toutes mes affaires et je suis partie. Il a moins rigolé je peux vous l'assurer, je ne suis jamais revenue. Il a fait des caprices, ça n'a pas fonctionné, il a promis, changé même mais c'était fini. J'avais tourné la page... "Vas-y, casse toi"

Vous trouvez ça cruel ? J'assume. Ça vaut pour toutes les humiliations, pour ce qu'il m'avait fait, pour toutes les fois où il s'est marré quand j'ai dis que je partais. "Allez, salut, va t'en trouver une autre qui te supportera" je pensais. Je me suis sentie tellement bien toutes ces fois où il pleurait chez moi, qu'il me suppliait de revenir alors que je savais que je ne reviendrais plus jamais. Ça vaut aussi pour toutes les fois où il m'avait fait pleurer et qu'il me disait : "non mais arrête de chialer comme une gamine c'est bon". J'ai bien vécu ces moments où il a réalisé l'énorme connerie de sa vie. Ça m'a réparer de le blesser à mon tour, je ne m'en cache pas, c'est humain. Mon humanité du moins. Vous voyiez, je suis loin d'être parfaite.


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Je me souviens. C'était un an après le début de cette histoire, j'étais bien, je pensais être amoureuse et puis il est revenu. Subtilement. Genre : il avait besoin de cours de droit du travail. On s'est revu. Je savais que ce serait compliqué parce qu'il m'avait profondément marquée. Je l'ai su dès que je l'ai revu au fond de ce café. Ou bien était-ce avant alors même que je me préparais à ce rendez-vous qui devait être banal mais qui ne l'était, en réalité, pas. Cet instant où l'on hésite: "je mets du fard à paupière... ça fait sophistiqué après il va croire que je suis à fond, hors de question".

J'ai pris la tenue la plus banale, je n'attendais rien de ce rendez-vous, je me suis tout de même maquillée sinon ce n'était pas moi. Il m'avait demandé des cours de droit pour ses études à lui et c'était tout, je devais lui les filer, c'était amical et puis c'est tout. C'est souvent comme cela que naïvement je fais face à la vie même si, au fond, je sais.

Quand je suis arrivée j'ai su que rien n'était oublié, absolument rien. Lui et ses airs de faux semblants, ses regards au travers desquels je savais. Et puis, il a commencé à parler de nous. Il a dit qu'il regrettait qu'il était con à l'époque et que lorsqu'on perdait quelqu'un de bien on se rendait compte à quel point on était passé à côté de quelque chose d'important lorsque celle-ci était partie.

"Je t'avais prévenu aussi mon gars". Malgré tous les sentiments que j'avais pour lui, et lui seul (ou presque) sait à quel point j'en avais, j'ai pensé que je l'avais prévenu pourtant. Ben oui, t'as perdu et tu reviens mais c'est facile. "Oui je valais mieux que toutes les autres pour toi et même bien plus, je t'aimais tellement que j'aurais tout donné pour toi et toi tu t'amusais avec tes potes ... le loup blanc ! C'est comme ça qu'il t'appelait ! Tu te rendais même pas compte de qui j'étais, que t'étais en train de passer à côté de la femme de ta vie, tu le savais pas, t'étais trop con." J'en étais persuadée à cette époque, lui et moi c'était écrit.

J'ai rien dis de tout cela évidemment. Je suis restée un peu bête face à lui. Un peu sous le charme mais surtout très méfiante. C'est que lorsqu'on était ensemble, j'ai piraté son compte sur un site où tu récupérais tes photos de soirées. Alors il avait beau nier mais de mes yeux à moi, j'ai vu qu'il invitait d'autres filles en soirées alors qu'on était ensemble et ça, ce n'est pas pardonnable chez moi même à 19 ans. Même quand t'en as 22. C'était encore frais, trahis moi une fois, pas deux.

C'était pas compliqué, je sais qu' il m'a demandé de faire un choix quand j'étais là en face de lui.

Il ne l'a pas franchement demandé en réalité mais il l'a suggéré. C'est peut être ça la différence parce que moi je suis une femme de choix.

J'aurais sûrement dit oui tu sais. Vraiment. Mais peut être pas aussi. Je sais pas c'était compliqué, j'avais pas confiance, en toi.

Je savais que mon couple n'était pas solide parce que lorsqu'on est solide jamais on ne flanche, jamais on ne déshonore, jamais on ne trahit dans mon monde à moi. Je savais que je n'étais pas amoureuse de mon mec comme je pouvais l'être de cet homme-là et pourtant je suis restée avec lui.

Avec lui, c'était un mélange de frustration et de bien-être intense, on marche sur ce fil et on vacille à chaque mouvement de sa peau qui vient frôler la mienne. Il était la personne la plus intense que je connaissais, vivre ce n'était pas suffisant et vivre des instants à ses côtés c'était une décharge électrique à chaque seconde.

C'était notre monde.

Je ne connais pas le juste milieu. Je vous raconterai encore ce qu'aujourd'hui est ma relation amoureuse, vous comprendrez, qu'avec moi, jamais on ne s'ennuie. C'est un peu aussi grâce à lui.

Tu sais c'est pas si compliqué. On s'est plu et même peut être plus, on peut dire qu'on s'est aimé passionnément... Tu étais ma passion, je dévorais tes yeux, je mangeais ton regard, je dégustais ton cou, je m’exaltais de ton être tout entier à chacune de nos rencontres. Et puis on s'est frôlé, on ne l'a jamais oublié. Frôlé au sens large, nos vies se sont frôlées serait le terme plus exact.

Parfois, je pense à toi, non pas seulement quand j'ai des doutes, pas lorsque cela ne va pas dans ma relation. Parfois seulement, je vois quelque chose qui me rappelle toi et je me souviens que je n'ai pas fais ce choix...

Ensuite, c'est allé très vite, il en a rencontré une autre, elle me ressemblait et même si elle n'était pas moi, je savais qu'il s'en tiendrait à ses choix. Parce que c'était ses choix lorsque, certaine de mes doutes, je lui ai laissé le choix à son tour. Il l'a même épousé, s'est planté et parfois je me dis que la vie est bien mal faite. C'était ainsi, c'était écrit et moi je n'y pouvais strictement rien.

Il m'a aidé à être moi. C'est à travers nos longues discussions pendant toutes ces années qu'il m'a aidé à ne jamais douter de qui je suis. Lorsque je m'habille en couleur parfois je pense à lui qui aimait tant cela et m'encourageait dans ce sens. Lui qui encensait mes qualités sans cesse, je n'ai cessé de les accentuer et de les assumer même quand je doutais. Il m'a aidé à ne pas voir tout noir, à aimer la vie...

Quelques années plus tard, lorsque la vie nous a amené à nous recroiser sûrement pour la dernière fois, sait-on jamais, ses explications sur ses choix ne m'ont absolument pas convaincu et c'est bien amèrement que j'ai compris que parfois tout est une question de choix.

On nous dit souvent que le bon choix, c’est celui avec lequel on est à l’aise. Essayez donc d'être à l'aise avec celui-là. Moi je n'ai aucun remord ni regret. Je crois au karma mais aussi au destin. Je sais à quel point il est facile de se planter et de croire que tout roule. Je sais comme une trahison peut prendre tout son sens parfois lorsqu'on est naïvement amoureuse. J'ai appris de la vie que rien n'est acquis mais que souvent ma naïveté m'a perdu. Un bon conseil, Soyez à l'aise avec vos choix et estimez vous heureux d'avoir justement le choix.



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